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Ce site est dédié à l'historique des entreprises manufacturières canadiennes francaises associées à la famille Thibault qui ont fabriquées ou qui fabriquent encore des équipements de lutte contre les incendies. Conventions-démonstrations-activités sociales et autres Articles de journaux Ce Bricoleur qui aimait les pompes à incendie est devenu millionnaire Vous Voulez un camion incendie faite sur mesure ? Il y a neuf frères Thibault qui peuvent le faire !
Hommage à Pierre Thibault (Période +- 1953 à +- 1961) À la fin des années 1940, début 1950, Pierre Thibault voulait compléter sa gamme de produits pour le combat d’incendie, avec des échelles aériennes. Pour y arriver, il s’intéressa à la compagnie Merryweater d’Angleterre, dans le but d’obtenir leur agence de distribution pour toute l’Amérique du Nord. Une fois les négociations terminées il fit l’achat d’une échelle de 85 pieds pour en faire un camion démonstrateur, cette unité a été installée sur un châssis incendie THIBAULT (dit customs). Une fois l’unité terminée, plusieurs présentations ont eu lieu un peu partout à l’intérieur du Québec. Cette première échelle fut livrée à la ville de Lévis en 1955. Plusieurs autres camions châssis pour camion incendie THIBAULT (custom) furent livrés par la suite, dotées des échelles Merryweater. Sachant que la compagnie Pierre Thibault utilisait des échelles MERRYWEATHER d’Angleterre la compagnie PIRSCH des États-Unis a offert l’agence de leur échelle de construction en aluminium, pour distribution aux Canada, en Amérique du Sud ainsi qu’en Jamaïque, où la firme exportait des unités dans ces régions. Pierre Thibault délégua ses fils Marion (Vice-président aux exportations), et Julien (Vice-président à l’approvisionnement) pour visiter les installations de PIRSCH et conclure une entente s’ils le jugeaient pertinent. Lors de cette visite une entente fut conclue, et la commande d’une échelle de 85 pieds 4 sections, de fabrication entière en aluminium, fut octroyée. À la réception de l’échelle à l’usine de Pierreville, elle fut installée sur un châssis incendie THIBAULT (custom). Cette unité a servi à faire des représentations et fut vendue par la suite. D’autres échelles PIRSCH furent construites et vendues sur des châssis incendie THIBAULT. Vers la fin de 1953, Pierre Thibault décida de produire sa propre échelle. La conception et la fabrication complète eurent lieu à l’usine. Cette première échelle était construite surtout en extrusion tubulaire d’acier. L’échelle était de 4 sections et de 65 pieds de long à sa pleine extension. Elle fut installée sur un châssis porteur de marque FARGO de la compagnie CHRYSLER. L’unité comprenait une pompe de 650 gallons minute et d’un réservoir d’eau de 500 gallons. Elle était dotée d’un espace pour le transport des boyaux, d’une échelle manuelle et de l’équipement pour combattre les incendies. Cette unité a fait une tournée de démonstration dans une partie de l’Ontario, le Québec, ainsi que les provinces maritimes. Dans cette tournée l’échelle fut accompagnée par une unité autopompe construite sur un châssis porteur FORD avec cabine à devant plat et basculant, il s’agissait de la première unité bâtie par la compagnie FORD. FORD venait d’introduire ce nouveau concept, avec cabine basculante, et ce fut la première autopompe fabriquée sur ce genre de châssis au Canada. C’est un châssis porteur qui a été très demandé et plusieurs milliers d’unités furent ainsi construites. En avril 1956, Pierre Thibault fit l’acquisition d’un compétiteur de longue date, la compagnie : BICKLE SEAGRAVE de Woodstock Ontario. Cette compagnie de fabrication de camion incendie ferma ses portes à la suite d’une faillite en février de la même année. Il acquit tous les inventaires de matière première, produit en cours et produit fini ainsi que tous les dessins d’ingénierie. Tout le matériel sélectionné fut transporté par remorques à l’usine de Pierreville, grâce au travail d’une équipe de 15 hommes pendant 15 jours, qui se sont affairés à récupérer l’équipement de valeur. En 1958, Pierre Thibault voulait modifier la construction de son échelle, dans le but de la rendre encore plus robuste que les échelles existantes incluant ses produits ainsi que les produits de ses compétiteurs. Les raisons invoquées furent que les échelles existantes démontraient beaucoup trop de faiblesse, ne pouvaient pas accomplir certaines manœuvres de sauvetage et de ce fait devenaient vulnérables dans certains cas. Il entreprit la construction d’une échelle, tout en étant très robuste elle demeurait d’un poids raisonnable. Pour ce faire, cette échelle fut conçue à partir d’acier formé par rouleaux; le montant principal consistait en deux pièces d’acier formées par rouleaux et assemblées par soudure continue. Le reste de la charpente était fabriqué à partir de tubes carrés et rectangulaires. Ce principe offrait une rigidité surprenante. La majorité des pièces mécaniques furent fabriquées dans son atelier, les pièces de matière première étaient fabriquées à partir de la fonderie par la suite machinée et assemblée, les roulements à billes de la table tournante étaient fabriqués à l’usine dans le département de machinage, même les cylindres hydrauliques étaient aussi fabriqués à l’usine; le strict minimum de pièces était acheté. Cette nouvelle échelle a démontré une force supérieure aux échelles antérieures. Lors d’une convention de chefs d’incendie à Memphis, Tennessee, Marion a fait une démonstration de la capacité de force déployée par cette échelle en soulevant, dans un premier temps, une auto « Coccinelle » de Volkswagen, par la suite il déploya l’échelle à l’horizontale à sa pleine longueur, et il fit marcher un homme de plus de 230 lb jusqu'à l’extrémité pour démontrer la capacité de l’échelle. Aucune échelle auparavant n’avait été déployée à l’horizontale à cause de leur faiblesse. Cette démonstration fut une première en Amérique du Nord, et cet exploit a été mentionné dans la revue « Fire Engineering » des États-Unis. L’article débutait avec la mention que l’échelle fabriquée par la compagnie Pierre Thibault Canada ltée. était la plus robuste au monde. On mentionnait qu’il s’agissait d’une merveille de conception qui avait su marier le bois avec l’acier, prétextant que l’échelle était fabriquée en bois et par la suite recouverte d’acier; à chaque bout des barreaux, un morceau de bois était inséré pour empêcher l’eau d’y pénétrer. C’est à partir de cette échelle que les compétiteurs ont emboîté le pas et ont à leur tour développé des échelles de plus en plus robustes pour la sécurité des pompiers. Cette conception a instauré des normes de fabrication supérieures qui sont devenues en vigueur suite à cette démonstration. Les compétiteurs ont dû suivre et changer leurs méthodes pour fabriquer eux aussi des unités plus robustes et sécuritaires afin de répondre aux nouvelles normes qui venaient d’être imposées par Pierre Thibault dans le domaine. Pierre Thibault était de la génération des vrais bâtisseurs de chez-nous, un type qui voyait dans l’avenir beaucoup de possibilités, ne se laissant pas décourager par les obstacles qui pouvaient survenir. Au début des années 60 lors dune tempête de neige accompagnée de vent violent une partie du toit de l’usine s’est effondrée. Cet événement était survenu un dimanche en matinée. Sa première réaction fut de dire que nous étions chanceux que cet incident arrive un dimanche alors qu’il n’y avait personne à l’intérieur, donc aucune victime, aucun blessé. Il y avait beaucoup de dommage matériel, dont plusieurs unités, mais ceci se remplace très vite. L’effondrement avait mobilisé la production, dès le dimanche en soirée une équipe procédait à la construction de murs temporaires pour que les parties non touchées dans l’usine puissent bénéficier du chauffage et la production reprenait ses activités dès le mardi matin. 1 mois après toutes les réparations étaient complétées et la production reprenait son cours normal. Nous ne pouvons parler de Pierre Thibault sans faire mention de son intérêt pour la machinerie d’usinage. Il aimait faire l’acquisition de machinerie usagée, en bonne condition. Dans ses débuts il ne pouvait se permettre de se procurer de la machinerie neuve due à la rareté du capital disponible ainsi que ses faibles revenus, cette situation dura jusqu’à la fin de la guerre où il était très restreint dans l’acquisition de ses machines. L’après-guerre où il y eu surplus de guerre (war assets) la machinerie devint alors disponible à des prix ridicules. Les marchands de machineries usagés incluant quelques individus se sont improvisé dans le marché de la machinerie usagée, ceux-ci se sont procuré en exclusivité la quasi-totalité de ces machines provenant du surplus. Parmi ceux qui s’étaient improvisés marchands de machineries, plusieurs s’y connaissaient très peu. Pierre Thibault se lia d’amitié avec quelques-uns de ces commerçants principalement d’origine juive, il leur fit profiter des ses connaissances, car il s’y connaissait beaucoup dans tous les genres de machines-outils, il avait puisé ses connaissances de la machinerie après avoir rêvé en regardant les catalogues et les revues spécialisées afin d’examiner toutes leurs spécifications et leur performance. Tous ces renseignements qu’il avait cumulés l’avaient beaucoup instruit sur tous les genres de machineries à métal, à bois, pour la fonte du métal, ainsi que toute la machinerie en général. Il était en mesure de conseiller dans le genre de machines à se procurer le plus profitable pour leur commerce respectif. Il a lui-même profité des aubaines pour moderniser son atelier d’usinage (machine shop) et son atelier de métal en feuille. Il s’est construit un département d’usinage des plus modernes, avec des machines de toute sorte. Il s’est procuré les plus récentes, machine qui avait été construite vers la fin de la guerre; certaines machines n’avaient même pas été utilisées, et d’autres étaient encore dans leur emballage original. Toutes les machines acquises ont été nettoyées et peinturées d’une couleur attrayante, et plusieurs pièces qui servaient aux commandements des machines ont été chromées. À plusieurs reprises il a mentionné que c’était un de ses passe-temps favoris, soit de se procurer de la machinerie usagée. Suite à l’épuisement du surplus de guerre, il s’est intéressé aux encans, où à plusieurs reprises il a acheté la totalité de la machinerie avant la tenue de l’encan. Il s’est procuré beaucoup de machinerie chez ses amis les marchands. Lors de ces visites, très souvent il se faisait accompagné par son fils Julien. Ce dernier prenait plaisir à marchander et obtenir les unités à prix moindre. Lorsque la machinerie arrivait à Pierreville celle-ci était vérifiée et il faisait reconstruire les pièces qui étaient défectueuses, repeindre selon les couleurs qu’il avait adoptées, les poignées et les bras d’embrayages étaient chromés. Il a toujours été fier de sa machinerie, il en était très orgueilleux. Sa fierté se portait aussi sur le maintien de la propreté en atelier et les soins à l’entretien de la machinerie. Dans les années 50 les heures de travail exigeaient le travail le samedi avant midi soit de 8.00 heures du matin à 12.00, vers 10.30 la production arrêtait, et l’heure et demie suivante était consacrée à faire le nettoyage de la machinerie, les emplacements de travail, ainsi qu’au rangement des pièces aux bons endroits. À toute heure de la semaine, les employés devaient avoir leur emplacement de travail propre, mais le samedi était le jour consacré au ménage de la semaine. Il aimait le dimanche se promener dans son usine et voir la propreté y régner, pour que le lundi matin les employés se retrouvent dans un lieu de travail propre, ce qui selon lui, favorisait une meilleure production. Les murs et plafonds étaient peinturés en blanc et rafraîchis tous les 3 ou 4 ans. Pierre Thibault a dirigé son entreprise jusqu’au milieu de l’année 1961, il se voit contraint d’abandonner la direction de l’entreprise en raison de la maladie. La maladie eut raison de cet homme tenace qui décéda le 30 novembre 1961 à l’âge de 63 ans. Il laissa dans le deuil son épouse Julia Lavallée, ses 9 fils, et sa fille : Pierre-Paul et son épouse Berthe Tessier, René et son épouse Blanche Laflamme, Julien et son épouse Adrienne Descôteaux, Charles-Étienne et son épouse Thérèse Boisvert, Gilles et son épouse Estelle Inkel, Marion et son épouse Thérèse Boudreau, sa fille Pierrette et son époux Gaston Dufault, Yvon et son épouse Jeannette Boudreau, Réjean et son épouse Denise Bécotte, Guy et son épouse Diane Haerinck. Ainsi que ses petits enfants au nombre de 29 (14 filles, 15 garçons).
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